Ludivine Baud (Qonto) : « La gestion des dépenses et le financement font partie de nos priorités »

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Benjamin Roy

Ludivine Baud
Directrice Générale France
Qonto

Face à un contexte économique incertain, la solution de gestion financière pour les TPE-PME s’adapte aux nouvelles pratiques des consommateurs, aux transformations sociétales et aux nouvelles aspirations des clients. Inflation, levée de fonds, concurrence… Ludivine Baud, Directrice Générale pour la France, revient sur les sujets qui rythment ce début d’année.

IN Banque : Comment définiriez-vous votre rôle chez Qonto ?
Ludivine Baud :
En tant que Directrice Générale pour la France, je pilote la stratégie commerciale sur le marché historique de Qonto. Avec la cinquantaine de collaborateurs dans mon équipe, nous nous attelons principalement aux partenariats, au marketing et aux activités commerciales. Je coordonne également les sujets produits, opérations et techniques avec les autres interlocuteurs dans l’entreprise.

Nos 350 000 clients sont répartis sur quatre marchés : la France, marché historique ; l’Allemagne, où nous avons franchement accéléré l’année dernière ; l’Italie ; et l’Espagne. Nous avons un bureau dans chacun de ces pays, ainsi qu’un cinquième à Belgrade.

Au total, notre millier de collaborateurs a accompagné plus de 100 000 créations d’entreprises.

Comment le contexte actuel influence-t-il les comportements des entreprises ?
Cela m’évoque deux mots-clés : résilience pour 2022, et prudence en 2023. 75 % des dirigeants de PME-TPE sont préoccupés par le contexte économique, et le niveau de défaillance a augmenté – même s’il reste inférieur à celui observé avant le Covid. En parallèle, un dirigeant sur deux se déclare toujours prêt à investir.

Après une année record en 2022 sur le front des créations d’entreprises, nous avons vécu un premier trimestre relativement dynamique. Mais face à ce contexte en demi-teinte, nous essayons d’anticiper pour mieux servir nos clients et les accompagner dans la compréhension de ce contexte. Il faut noter que nous observons un certain dynamisme sur le marché et que d’un point de vue croissance, Qonto fait un beau début d’année.

En conséquence, quels nouveaux besoins émergent, et comment y répondre ?
Deux sujets nous préoccupent depuis fin 2022, et rythment aussi début d’année en tant que priorités : le financement et la gestion des dépenses. Pour faire face à ce premier point, nous avons lancé, en janvier, une plateforme de financement pour donner accès à différentes opportunités et types de financement, tout en conservant une expérience intégrée dans le produit Qonto – même si nous travaillons avec quatre partenaires pour cela. Il s’agit de Defacto, Silver, Karmen et October – ce dernier étant notre partenaire historique.

L’expérience est ainsi fluidifiée, simple et rapide avec des montants qui vont de quelques centaines à plusieurs millions d’euros ; et différentes typologies d’emprunt, de taux d’intérêts et de durées de remboursement. Notre objectif est de proposer une gamme complète avec beaucoup de flexibilité mais dans un espace sécurisé. Jusqu’à présent, cette plateforme est un succès, et les trois quarts de nos clients y sont éligibles.

Enfin, la gestion des dépenses est un sujet sur lequel nous travaillons déjà. Nous avons investi il y a quelques mois et avons complété nos fonctionnalités avec une solution de gestion de notes de frais. Car dans cet environnement économique incertain, le contrôle de la dépense fait partie des préoccupations importantes de nos clients.

Quel est votre point de vue sur le développement de la concurrence et des initiatives numériques sur le marché des pros/entreprises ?
Avec 3,1 millions de TPE-PME en France, et 25 millions en Europe, le marché est vaste ! 350 000 clients ont déjà fait confiance à Qonto, et notre ambition est d’atteindre le million en 2025.

La concurrence est saine – nous sommes sur une catégorie encore jeune et au sein de laquelle nous essayons de créer notre propre catégorie. Nous sommes les seuls à pouvoir proposer à la fois un compte professionnel et différents outils de gestions de finances professionnelles.  C’est une immense opportunité, ainsi qu’une très grande responsabilité.

Vous avez levé 486 millions d’euros il y a un an et demi : quelle est la feuille de route qui l’accompagne ?
Nous avons eu la chance de faire cette belle levée de fonds au bon moment. Nous avons différents enjeux : le premier est commercial avec l’objectif d’atteindre un million de clients en Europe en 2025. Nous avons aussi un enjeu de croissance et d’investissement dans nos équipes, ainsi que l’envie d’améliorer nos produits en restant au plus près de nos clients, sans toutefois perdre la connaissance et la proximité nécessaires.

Nous avons également un enjeu plus visible et encore plus ambitieux avec un objectif d’expansion à l’international car nous avons prévu d’investir 100 millions d’euros sur nos marchés internationaux d’ici 2025.

Enfin, nous avons fait l’acquisition l’année dernière du champion de la fintech allemande Penta. L’intégration de cette solution, qui nous a bien occupé l’année dernière, est en très bonne voie. Ce vaste chantier a justement été rendu possible grâce à cette levée de fonds.

Frédéric Jacob-Peron (Franfinance) : « Nos offres répondent aux standards les plus exigeants en matière de sécurité et d’analyse des risques »

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Florent Garcia

Frédéric Jacob-Peron
Directeur Général
Franfinance

Le directeur général de Franfinance partage son point de vue sur l’innovation dans les parcours clients e-commerce en BtoC et BtoB. Frédéric Jacob-Peron plaide notamment pour des solutions de crédit on-line sur de plus longues durées pour la poursuite du développement du e-commerce.

IN Banque : En quoi consiste l’activité de Franfinance ?
Frédéric Jacob-Peron :
Franfinance est une filiale du groupe Société Générale qui accompagne plus de 1,5 million de clients particuliers et 250 000 clients entreprises dans la réalisation de leurs projets grâce au financement. Nous jouons un rôle essentiel au service de l’économie en accompagnant les ménages et les entreprises avec des solutions innovantes de crédit à la consommation et de leasing (crédit-bail et location). Ces solutions, disponibles directement via Franfinance ou par l’intermédiaire de ses partenaires marchands, sont également mises à disposition des entités du Groupe Société Générale et d’autres institutions financières.

Franfinance, acteur engagé et responsable, agit aussi en faveur de la transition écologique, grâce à une activité centrée sur l’aménagement de l’habitat et l’équipement des entreprises.

Nous avons plus de 1 100 collaborateurs basés exclusivement en France, 8,9 milliards d’encours gérés sur le marché des particuliers et 9,3 milliards d’encours gérés sur le marché des entreprises.

Comment la croissance du e-commerce a-t-elle influencé votre activité ?
Le crédit à la consommation était traditionnellement un outil utilisé par les commerces physiques pour développer leurs ventes. La consommation se déplaçant de plus en plus en ligne, avec une accélération depuis la période Covid, nos partenaires et nos prospects ont pour la plupart développés leurs ventes sur le web et nous demandent de les accompagner par des solutions de financement digitales. Les besoins initiaux des commerçants étaient de disposer d’une offre de facilités de paiement c’est-à-dire un paiement fractionné en 3 ou 4 fois.

Face à la croissance du secteur, à la hausse des taux d’intérêt et à l’augmentation des paniers moyens, ces solutions atteignent aujourd’hui leurs limites. Avec une offre nouvelle, Franfipay, nous proposons une offre de crédit complète intégrant, bien au-delà des simples fractionnés 3/4x, des solutions de crédit on-line sur de plus longues durées, et répondant aux standards les plus exigeants en matière de sécurité et d’analyse des risques. Nous offrons depuis cette année à nos partenaires sur le web l’ensemble des services qu’ils connaissent en magasins, ce qui est une première sur le marché.

Quid de cette activité en BtoB ?
Du côté du e-commerce dédié aux entreprises, nous pensons que nous sommes au tout début de l’histoire. La digitalisation des marchands de biens d’équipements aux entreprises va progressivement s’opérer et nous disposons d’ores et déjà, et en avance sur l’ensemble du marché, d’une offre clé en main, e-liz, pour nos partenaires qui voudraient offrir à leurs clients digitaux la même expérience de financement qu’en point de vente. E-liz permet aux professionnels et aux entreprises de financer leurs achats en ligne sur des sites e-commerce. Crédit classique, Crédit-bail, Leasing… le client professionnel ou entreprise peut avec e-liz, dans un site e-commerce proposant des biens d’équipements, des accessoires, des consommables, simuler le coût de financement de son panier selon l’offre qu’il choisit, ajuster ses mensualités puis passer sa commande et signer son contrat en ligne. Nous sommes le premier acteur à avoir commercialisé ce type d’offres sur le marché du e-commerce BtoB. J’en parlerai davantage lors de mon intervention le 22 juin lors d’IN BANQUE 2023.

Quels sont les besoins des particuliers et des entreprises et comment y répondez-vous ?
Les consommateurs sont aujourd’hui prêts à tout acheter en ligne, quand ils se limitaient avant à un parcours d’achat traditionnel pour les dépenses les plus importantes. Aujourd’hui, l’omnicanal fluidifie les parcours d’achats qui peuvent débuter en magasin et se conclure en ligne, et vice versa. Logiquement, les consommateurs attendent désormais de l’e-commerce les mêmes facilités de financement que celles disponibles en magasins. Pour répondre à cette nouvelle demande, les commerçants doivent donc s’emparer des innovations qui leur permettront d’apporter une réponse en phase avec les attentes de leurs clients, le tout en continuant de rendre l’étape du paiement la plus simple possible. Le financement long s’impose dans ce contexte comme la réponse idéale et comme la condition sine qua none à la poursuite du développement du e-commerce.

Open banking, IA : comment ces innovations tech vont impacter votre activité ?
En quelque sorte, nous faisons de l’open banking depuis toujours : nous mettons à disposition de partenaires des outils de financement qu’ils peuvent proposer à leurs clients entreprises ou particuliers. Depuis les années 90, nous avons également été pionniers dans la mise en place d’opérations pour le compte d’institutions financières (assureurs, banques, fintech, assurtechs, mutuelles…) qui consistent à mettre à leur disposition tout ou partie de la chaine de valeur du crédit à la consommation ou du leasing pour leur permettre de commercialiser leurs propres offres. Nous sommes aujourd’hui bien armés pour répondre aux attentes des institutions financières puisque nous disposons d’outils et d’API, qui permettent une interconnexion plus facile avec elles. Dans un contexte règlementaire, économique et de taux de plus en plus complexe pour de nombreux acteurs financiers, nous croyons à notre modèle d’usine à crédit et à leasing que nous pouvons ouvrir à de nouveaux acteurs.

Quant à l’IA nous pouvons envisager des applications dans le domaine de la détection des fraudes ou dans l’analyse des dossiers avant octroi pour enrichir nos modèles décisionnels. Nous devrons tenir compte de l’évolution à venir des dispositions réglementaires européennes concernant l’utilisation de l’IA, notamment en matière de modèles d’octroi.

Frédéric Jacob-Peron interviendra lors de la session « Financement, crédits : services innovants & nouveaux parcours clients » de la prochaine conférence IN Banque le 22 juin 2023 à Paris.

Florent Garcia (WAI by BNPParibas) : « Il faut avoir la volonté d’avoir un impact au-delà du volet bancaire »

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Florent Garcia

Florent Garcia
Directeur des programmes WeAreInnovation
BNP Paribas

Le directeur des programmes WeAreInnovation by BNP Paribas, qui réunit toutes les entreprises innovantes françaises que la banque accompagne, partage son regard sur les mutations du secteur en ce qui concerne le beyond banking. 4.000 start-up sont clientes en France et cent banquiers les accompagnent pour travailler notamment des sujets de cybersécurité, RSE, finance et ressources humaines.

IN Banque : Quelles sont les tendances que vous observez en matière de beyond banking dans le secteur bancaire ?
Florent Garcia :
Ce sujet gagne en maturité. Accompagner les clients avec des solutions extra-financières, c’est plus que regrouper un ensemble de services : c’est positionner une banque comme un partenaire de confiance qui peut proposer une offre personnalisée. Il faut se demander à quelles problématiques sont confrontées les clients PME/ETI et quels services vont le mieux y répondre, avec la volonté d’avoir un impact au-delà du volet bancaire. Donc, la première étape est de travailler avec des données riches et qualifiées pour bien connaître ses clients.

Quels sont les besoins récurrents de vos clients entreprises ?
Les besoins naissent parfois des évolutions réglementaires – c’est notamment le cas pour la transition énergétique et les risques cyber. En conséquence, cela fait également émerger des enjeux commerciaux auprès des clients de nos clients. Ces deux problématiques sont d’ailleurs relativement récentes pour la majorité de nos clients, et sont devenues prioritaires très rapidement. Nous avons donc construit notre plan stratégique avec nos clients autour de quatre univers du beyond banking : la cybersécurité, la RSE, la gestion financière et les ressources humaines.

Quelle est votre proposition de valeur, notamment via le programme WeAreInnovation by BNP Paribas ?
Avec ce dispositif, nous sommes au cœur de l’écosystème des sociétés innovantes. Il nous permet de détecter, concevoir et enrichir nos solutions en réponse à leurs enjeux. 85 % des entreprises du Next40 sont clientes de la banque, et 78 % du FrenchTech120. En tout, nous avons 4.000 start-up clientes en France et cent banquiers dédiés qui connaissent bien cet écosystème pour les accompagner.

Ces start-up sont très intéressées par l’opportunité de travailler avec des PME/ETI et notre rôle est, notamment, d’adapter leurs offres et leurs solutions pour qu’elles répondent au mieux aux besoins du marché. J’en parlerai davantage au cours de mon intervention le 22 juin lors d’IN BANQUE 2023.

Florent Garcia présentera « La stratégie Beyond Banking B2B de BNP Paribas » lors de l’événement IN BANQUE 2023 le 22 juin à Paris.

Matthieu Heslouin (Bpifrance) : « L’open banking ouvre des portes de transformation gigantesques »

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Matthieu Heslouin

Matthieu Heslouin
Chief Digital Officer
Bpifrance

Aux manettes de la transformation digitale de Bpifrance depuis 2017, Matthieu Heslouin fait le point sur les grands changements au sein de l’Institution, du front au back office. Pour la banque publique d’investissement, l’open banking fait partie des grandes révolutions sur lesquelles surfer.

IN Banque : En quoi consiste l’activité de Bpifrance aujourd’hui ?
Matthieu Heslouin :
L’objectif de la banque publique d’investissement est de développer l’économie française, tout en soutenant la dynamique entrepreneuriale. Pour accomplir cela, nous accompagnons les entreprises à chaque étape de leur développement, à travers les métiers de la Création, du Financement, de l’Innovation, de l’Investissement, de la Garantie, de l’Export et de l’Accompagnement.
Par exemple, nous servons directement plus de 50.000 entreprises en direct, et plus de 300.000 de façon indirecte, via les garanties ou les investissements. Nous stimulons aussi la création d’entreprises, dont 800.000 sont recensées chaque année en France.

Côté bilan, nous avons 50 milliards d’euros sous gestion en termes d’encours de financement, 50 milliards d’encours en termes d’investissement et 50 milliards pour l’assurance-export.

Sur le front du financement, comment la digitalisation des parcours a-t-elle évolué ?
Nous sommes sur une trajectoire très intense depuis 2017, car il a fallu digitaliser la plupart des parcours, dans la majorité des métiers.
A l’heure actuelle, nous avons entièrement digitalisé les prêts d’honneur pour la création d’entreprises. Pour les TPE/artisans/commerçants, nous avons déployé l’année dernière la plateforme Flash, qui a permis de digitaliser entièrement les financements visant à opérer une transition verte, une transformation digitale ou un soutien de trésorerie. Nous avons aussi digitalisé l’intégralité des demandes de subventions autour de l’Innovation.

Parmi les autres processus entièrement digitalisés, nous retrouvons également les PGE, durant la crise sanitaire, dont ont pu bénéficier 750.000 entreprises, les demandes de garanties en ligne par les banques, ou encore les parcours autour de l’Assurance Prospection.
En ce qui concerne le Financement et l’Assurance, c’est encore en cours de déploiement, avec un parcours phygital : ce sont des métiers plus complexes à embarquer. Il faut faire davantage de sur-mesure, ce qui fait partie de nos projets d’avenir.

Avez-vous également travaillé sur la digitalisation de l’Investissement et des Fonds de fonds ?
Afin de développer la démocratisation du private equity, nous avons travaillé sur le Fonds de fonds retail, pour permettre aux Français d’investir et d’acheter en direct des parts de fonds de Bpifrance grâce au digital. Ainsi, notre transformation est systémique pour l’ensemble des métiers et des parcours de la maison, avec des taux de complétion compris entre 50 et 100 %.

Que reste-t-il à accomplir sur votre feuille de route ?
Beaucoup de choses ! Le chantier du back office a commencé fin 2022 et va s’étaler sur trois ans. Il a démarré avec la digitalisation des actes de gestion, comme les changements de RIB, ou encore les demandes de duplicata. Le réaménagement de contrats de financement, le changement de nature ou de dirigeant, et en conséquence d’assurance, font aussi partie de nos projets. Nous allons également davantage nous focaliser sur la partie gestion et efficacité opérationnelle.

Par ailleurs, nous allons davantage digitaliser les constats de fin de programme, spécifiques à l’Innovation et à l’Export. Cela s’explique par le fait que Bpifrance délivre beaucoup de subventions : il faut donc ensuite pouvoir mesurer que les investissements ont bien été faits – un processus très manuel jusqu’ici. Cette digitalisation va donc permettre de faciliter leur usage à la fois auprès des entrepreneurs, mais également sur notre back office.

Nous voulons aussi aller plus loin sur l’Assurance en ligne. Nous l’avons déjà fait pour les prêts, et nous allons étendre les cas d’usage pour inclure notamment les multi-bénéficiaires. J’en parlerai davantage lors de mon intervention le 22 juin lors d’IN BANQUE 2023.

Comment vous emparez-vous de l’open banking ?
C’est un modèle clé pour nous, car nous ne sommes pas une banque de flux. Or aujourd’hui, il est essentiel de s’en saisir pour faire évoluer les méthodes de la banque, et cela ouvre des portes de transformation gigantesques. Quelques exemples nous concernant : nous avons développé Ma Tréso, une première offre de services pour faire de l’agrégation de comptes d’entreprises, dans le cadre des abonnements de services en ligne Bpifrance. Nous souhaitons aussi, avec DSP2, revisiter tous les processus de parcours de subvention. Si nous arrivons à utiliser les flux bancaires pour vérifier la nature des dépenses de nos entrepreneurs, et du coup créer automatiquement des reportings basés sur ces flux, cela devient beaucoup plus simple de suivre l’évolution des projets, à la fois pour l’entrepreneur et pour Bpifrance.

Cela change aussi la dynamique dans les flux d’information ?
Effectivement, sur la partie banque digitale TPE, l’open banking nous permet d’avoir des données plus récentes : ce qui est capital pour décider d’un octroi de financement. Historiquement, le score d’octroi est basé sur le bilan n-1, et nous savons que dans une TPE, cela peut aller très vite, à la hausse comme à la baisse. Nous allons donc pouvoir mettre à jour les données pour faire des notations plus précises afin de potentiellement permettre à l’entrepreneur, qui a eu une année difficile mais qui remonte la pente, de recevoir un prêt. Dans les modèles traditionnels de risque, nous n’aurions pas pu lui prêter.

Dans la banque en ligne, nous travaillons aussi sur des partenariats open banking pour délivrer de nouveaux services : avec Agicap pour permettre aux PME de faire du pilotage avancé de trésorerie ; et avec I Paid That, pour offrir aux TPE une vision complète de leur comptabilité.

Matthieu Heslouin interviendra lors de la session « Financement, crédits : services innovants & nouveaux parcours clients » de la prochaine conférence IN Banque le 22 juin 2023 à Paris.

Alexis Ammar (Mangopay) : « Notre approche 100% marque blanche et dédiée marketplace vise la personnalisation maximale »

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Alexis Ammar

Alexis Ammar
Head of sales France, Luxembourg, Belgique
Mangopay

Spécialiste du paiement sur les marketplaces, avec des clients comme Vinted, Rakuten, Leboncoin, La Redoute, Showroomprivé ou encore Malt et Paris Fashion Shops, Mangopay a traité 11 milliards d’euros en 2022. Alexis Ammar, directeur des ventes France/Belgique/Luxembourg, détaille les mécanismes de paiement B2B qui aujourd’hui font la différence.

Un entretien réalisé dans le cadre de l’événement Les Enjeux Innovation B2B 2023 du 2 février 2023 organisé par Next Content (éditeur du site IN BANQUE) et accessible désormais en replay pendant 1 mois.

Les Enjeux Innovation B2B : Quelles sont les grandes tendances qui se dégagent dans votre établissement, et plus globalement dans le secteur ?
Alexis Ammar :
Il y a plusieurs aspects que je voudrais citer. D’abord l’infrastructure de e-wallets que nous proposons, avec la possibilité de générer pour chacun d’entre eux son IBAN unique (ibanisation) et pas mal d’avantages à tous les points de vue. Pour l’acheteur c’est un compte de cantonnement sans contrainte de temps ni de montant, avec des fonds garantis à 100%. Du point de vue de la marketplace, cela facilite la réconciliation, permet d’automatiser un maximum de process et ainsi de gagner beaucoup de temps.

Je citerai aussi évidemment le Buy Now Pay Later : nous avons fait une cartographie de l’ensemble des prestataires de financement pour offrir une flexibilité très forte aux plates-formes. De manière générale, notre approche 100% marque blanche basée sur des API vise la personnalisation maximale, aussi bien dans les choix de moyens de paiement que dans les cinématiques de paiement globales. Nous automatisons une large variété de processus ce qui offre cette souplesse.

Enfin je pourrais citer le « one-creditor » qui consiste à produire une seule et unique facture pour un acheteur qui a commandé auprès de différents vendeurs. Et bien sur l’instant payment qui, sur une plate-forme B2B comme par exemple Malt (NDLR : voir le livre blanc consacré à cette étude de cas) sécurise énormément la cible freelance visée.

LIRE LA SUITE SUR LE SITE
DES ENJEUX INNOVATION B2B

Mangopay est intervenu le 2 février dans le cadre de l’événement Les Enjeux Innovation B2B 2023. Programme et inscription pour visionner le replay sur : www.innovation-b2b.com

Mickaël De Sa (Allianz Trade) : « La complémentarité banque – assurance favorisera le développement du BNPL B2B »

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Mickael De Sa

Mickaël De Sa
CDO
Allianz Trade en France

Le e-commerce n’en finit plus de se développer dans l’écosystème B2B, représentant aujourd’hui bien plus qu’un simple canal additionnel de vente. En ce sens, les modalités de paiement du commerce B2B en ligne, souvent lourdes et désuètes, commencent à se moderniser grâce au développement du Buy Now Pay Later (BNPL). Mickael De Sa, Chief Digital Officer d’Allianz Trade en France nous explique comment fonctionne cette technologie et le rôle respectif des banques et assureurs dans son essor.

IN Banque : Comment expliquez-vous l’émergence des solutions de BNPL B2B actuellement ?
Mickaël De Sa :
Dans le e-commerce B2B, les modalités de paiement sont en retard en comparaison de ce qui est pratiqué en B2C. On retrouve souvent des paiements par carte bancaire professionnelle, ou des frais avancés par des collaborateurs de l’entreprise concernée. Cela implique donc un recours très limité au paiement fractionné ou différé : les vendeurs n’accordent pas de délais de paiements à leurs acheteurs, principalement car ils ont du mal à obtenir de l’information sur leur solidité financière. Et quand bien même, s’ils avaient accès à ces données, il leur serait difficile de donner une décision de crédit rapide, sans affecter leur parcours utilisateur, et donc leurs performances commerciales. Les acteurs de l’écosystème se sont rendus compte qu’il s’agissait d’un vrai frein au développement du e-commerce B2B, et on assiste ainsi aujourd’hui à l’apparition de nombreux nouveaux acteurs qui développent des solutions de BNPL B2B. Mais pour y parvenir, ces fintechs ont souvent besoin du soutien d’acteurs plus traditionnels et experts des échanges B2B, à savoir les banques et les assureurs.

Justement, quel est le rôle des banques et des assureurs dans le modèle du BNPL B2B ?
Quand on accorde un délai de paiement, que ce soit en ligne ou hors ligne, on s’expose au risque d’impayés. Pour démocratiser cette pratique, il faut donc apporter au vendeur la garantie qu’il sera bien payé. Cela se manifeste au travers de deux mécanismes complémentaires : le financement et l’assurance-crédit. Dans le BNPL B2B, même si cela n’est pas systématique, le rôle de la banque est de financer la facture : elle permet au vendeur d’être payé instantanément, malgré le délai de paiement accordé. Ainsi, le risque d’impayés est transféré du vendeur à la banque. La banque doit alors se protéger de ce potentiel non-paiement. C’est là que l’assureur-crédit intervient : il se charge d’abord d’évaluer, instantanément et sans affecter le parcours client, la solidité financière de l’acheteur afin de déterminer sa capacité à garantir un délai de paiement, puis se chargera de recouvrer la créance si celle-ci s’avère impayée, et d’indemniser la banque si le recouvrement n’aboutit pas. La banque finance le cycle d’exploitation, et l’assureur sécurise la chaîne de valeur : une véritable logique de complémentarité qui fait du BNPL B2B un excellent moyen, pour une entreprise, de développer ses ventes sans s’exposer au risque d’impayés.

Pourquoi est-ce intéressant pour un acteur bancaire de s’associer avec un assureur sur ces problématiques ?
Je vois trois principales raisons à l’association d’une banque et d’un assureur-crédit sur ce type de produit. Tout d’abord, notre expertise dans le scoring des entreprises à travers le monde. Le succès du BNPL réside dans sa simplicité d’utilisation aussi bien pour le e-commerçant que pour l’acheteur. En quelques secondes, celui-ci se voit accorder un délai de paiement et peut finaliser sa commande. Pour qu’une telle fluidité puisse se mette en place, il était important d’être en capacité de délivrer des décisions de crédit instantanément. Le scoring d’entreprise étant une des forces historiques d’Allianz Trade, nous avons fait le choix il y a quelque temps de rendre disponible par API notre système de scoring et donc notre assurance-crédit afin de proposer un parcours client sans interruption protégeant à la fois le vendeur et le financeur. Deuxièmement, la sécurisation des fonds avancés. Les acteurs du BNPL sont généralement des fintechs spécialisées dans la gestion des flux de paiement. Ces acteurs en adressant le BtoB sont confrontés à des volumes de transactions importants. Les banques doivent donc financer ce volume tout en maîtrisant les risques de non-paiement. Un assureur-crédit, comme Allianz Trade, viendra garantir le risque d’impayés et ainsi rassurer le financeur dans ses opérations. Pour finir, l’expertise et la solidité d’un assureur-crédit dans le recouvrement et l’indemnisation de créances commerciales. Dans un contexte de normalisation des défaillances, le risque d’impayés s’accroît. Nous sommes un acteur centenaire, qui dispose d’une capacité d’intelligence prédictive inégalée, d’un réseau de recouvrement international et d’une solidité financière reconnue.

Quelle complémentarité entre banques, assureurs et acteurs du paiement ?
L’offre de valeur du BNPL est fortement appréciée par les e-commerçants, puisqu’elle regroupe plusieurs acteurs ne travaillant pas ensemble au départ et créant ainsi une chaîne de valeur complète. L’acteur du paiement joue souvent le rôle du chef d’orchestre dans les schémas BNPL B2B. Le produit reposant sur la base de multiples connexions API, la simplification d’intégration des API et la maîtrise de l’interconnectivité de ces dernières sont des facteurs clés de succès d’un produit BNPL. L’acteur du paiement sait gérer cette connectivité et se place au moment du checkout dans le parcours d’utilisation d’un acheteur. L’assureur utilise, quant à lui, son scoring pour accorder ou non un délai de paiement à l’acheteur, une fois ce délai accordé la banque va, elle, avancer les fonds au marchand. En quelques secondes, une décision de crédit est prise, un paiement est réalisé, un financement est effectué, c’est cette complémentarité qui fait la force des solutions BNPL BtoB.

Avez-vous des exemples à nous partager ?
Je pense à un partenariat récemment déployé. Allianz Trade, Two, et Santander CIB se sont associés pour créer la première solution internationale de BNPL B2B à destination des grandes entreprises multinationales. Chaque membre de ce partenariat contribue à la solution avec sa propre expertise : Two est en charge de la technologie de paiement, Santander CIB finance le paiement anticipé aux vendeurs et les conditions de crédits aux acheteurs, et Allianz Trade sécurise l’ensemble de la chaîne de valeur contre le risque d’impayés. Une combinaison parfaite entre paiement, financement et assurance. En résulte une solution qui change la donne pour le e-commerce B2B à l’échelle mondiale. Les grandes entreprises disposent désormais d’une solution tout intégrée pour proposer instantanément à leurs acheteurs des paiements différés à la commande.

[Livre blanc] Trade finance : de nouvelles solutions pour de nouveaux défis

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13249_Visuals for Trade Finance WP promotion1400_422Les défis créés par la pandémie de COVID-19 ont révélé des vulnérabilités dans le secteur du financement du commerce. Pour surmonter ces défis, il faut examiner attentivement les opérations et identifier les opportunités de réduire les coûts, d’améliorer la productivité, d’éviter les violations de conformité coûteuses et de réduire le risque d’erreurs.

La Digital Intelligence peut aider les banques à atteindre tous ces objectifs et plus encore en automatisant le processus de traitement des documents et en découvrant les processus défectueux ou inefficaces.

Découvrez dans ce livre blanc :

  • Comment la Digital Intelligence permet aux banques de rationaliser les processus basés sur des documents
  • Les avantages de l’automatisation pour réduire le risque de non-conformité
  • Comment les banques peuvent utiliser les informations sur leurs processus pour rester flexibles et répondre plus facilement aux futures perturbations

ConsulTER LE LIVRE BLANC

Linda Ameur, Directrice Commercial Abbyy France, intervient le 24 juin lors d’IN BANQUE 2021 dans le cadre de la session sur l’accélération numérique dans la banque B2B, sur le thème : « Trade finance : automatiser pour gagner en productivité et fiabilité »

Elizabeth Coleon (Qonto) : « Nous voulons mettre la gestion financière en pilote automatique »

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Elizabeth Coleon

Elizabeth Coleon
Chief Marketing Officer
Qonto

La solution de gestion financière pour les PME et les indépendants est l’un des symboles de l’engouement pour la fintech française. Elizabeth Coleon, Chief Marketing Officer de Qonto, fait le point sur la stratégie d’accélération numérique de l’entreprise.

IN Banque : Pouvez-vous nous présenter Qonto en quelques chiffres-clés ?
Elizabeth Coleon : Qonto a été créée en 2017 par deux amis entrepreneurs, Alexandre Prot et Steve Anavi, qui étaient frustrés de leurs expériences bancaires lors de précédentes aventures entrepreneuriales. Ensemble, ils ont donc décidé de créer la solution bancaire qui manquait aux entrepreneurs en Europe. Notre service repose sur trois piliers : un produit intuitif et innovant, un service client disponible et à l’écoute sept jours sur sept, et des prix justes et transparents, sans frais cachés.

Aujourd’hui, Qonto est le leader européen de la gestion financière pour les TPE/PME et les indépendants. Nous avons 150.000 entreprises clientes, que ce soit pour automatiser leur comptabilité ou faciliter la gestion de leurs dépenses. Nous sommes implantés dans quatre pays : en France bien sûr, mais aussi en Espagne, en Italie et en Allemagne. Depuis sa création, l’entreprise a levé 136 millions d’euros auprès des plus grands investisseurs français et internationaux comme Valar, Alven, la BEI ou encore Tencent. Notre siège est à Paris, où nous employons plus de 300 personnes, et nous allons ouvrir d’ici cet été nos premiers bureaux à Barcelone, Milan et Berlin.

Nous enregistrons une forte croissance, avec un chiffre d’affaires qui double chaque année depuis le début de l’aventure – une tendance que nous comptons bien poursuivre cette année encore. Enfin, en 2020, nous avons enregistré 22 milliards d’euros de transactions.

Quels sont les services ou produits les plus plébiscités par vos clients ?
Nous avons développé un compte professionnel optimisé pour un large panel d’entreprises, de l’indépendant à la PME de 250 salariés, qui s’adapte aux besoins de chacun. Notre interface est facile à utiliser : c’est cela qui fait notre force, et qui permet à l’utilisateur de passer plus de temps sur les tâches à plus forte valeur ajoutée. Ce compte pro permet aussi d’automatiser la gestion des finances, de mettre fin aux notes de frais et se simplifier enfin la comptabilité.

Qonto

Parmi tous ces outils, je voudrais vous parler de trois d’entre eux. D’abord, Connect, notre service de gestion automatisée des finances. Nous avons sélectionné et intégré un certain nombre d’applications et de services au compte Qonto afin de mettre la gestion financière en pilote automatique. Parmi nos partenaires, il y a notamment Payfit, Slack, ou encore des logiciels de comptabilité comme QuickBooks, Pennylane, ou d’affacturage Edebex.

Le deuxième service, c’est celui d’aide au transfert de compte que nous avons lancé tout récemment, en avril 2021. Il s’agit d’un moyen unique pour les professionnels de transférer ses comptes en toute simplicité. Qonto a été le premier acteur à lancer ce service de changement de compte pour professionnels sur le marché français.

Un dernier exemple récent : nous avons lancé une offre de crédit en partenariat avec October, la plate-forme de prêt aux PME, numéro un en Europe continentale. Jusque-là, nos clients qui souhaitaient bénéficier de prêts ou PGE allaient vers les banques traditionnelles, au risque de multiplier les comptes. Avec cette nouvelle offre, plus besoin de jongler entre différents comptes, tout est centralisé pour faciliter le quotidien. Le processus est en plus 100 % digital, rapide et sans garantie personnelle. Je vous en parlerai davantage lors de mon intervention à la conférence IN Banque du 24 juin.

Comment est organisée la production de l’innovation en interne ?

Nous passons énormément de temps à discuter et à écouter utilisateurs comme prospects, pour comprendre leurs besoins, et prioriser nos développements en fonction de ces échanges.

Le NPS et les réseaux sociaux nous permettent de mieux prioriser notre roadmap produits. Nous avons un rythme de lancement très soutenu, ce qui nous a permis de proposer à nos clients de nombreuses fonctionnalités cette année. Par exemple, la certification de la valeur probante qui permet aux reçus digitalisés sur Qonto d’avoir exactement la même valeur légale que les originaux papiers. Il y a aussi l’intégration d’Apple Pay et de Google Pay pour faciliter les paiements par carte, celle du logiciel de paie PayFit, en plus de tout ce dont je vous ai déjà parlé (le partenariat avec October, le service d’aide aux transferts de comptes…).

Si on arrive à tenir ce rythme soutenu, c’est grâce à notre organisation de travail très méthodique et à la culture interne que nous appelons la « Qonto way ». Pour proposer un produit ou un service de qualité, nous cherchons à favoriser la prise d’initiatives, la productivité et la relation des équipes sur le terrain. Nous mettons tout cela au cœur de notre stratégie.

Elizabeth Coleon intervient le 24 juin lors d’IN BANQUE 2021 sur le thème de l’accélération numérique dans la Banque B2B.