Inovatic, spécialiste français de l’extraction intelligente de données dans les états financiers, a accompagné Bpifrance autour de sa plate-forme Flash, qui propose des prêts débloqués sous huitaine pour répondre aux besoins de financement des petites entreprises. Retour sur le projet, ses enjeux et plus largement sur l’innovation dans l’octroi de crédit aux entreprises.
IN BANQUE : Quels ont été les principaux enjeux technologiques du projet Flash ?
Jacques Andréani : Le premier enjeu, chronologiquement, était la dématérialisation de la liasse fiscale, ensuite il s’est agi du scoring et du face matching. Pour ces besoins nous avons travaillé avec des fintechs dans une logique de POC (ndlr: Proof Of Concept) avant de passer à l’industrialisation. Notre plate-forme nécessitait une adhésion des opérateurs ce qui impliquait des résultats probants en termes de temps de traitement, de minimisation des contrôles manuels, mais aussi une grande rigueur et une compréhension de la spécificité de nos demandeurs qui sont des professionnels.
Cécile Poulet : Nous avons accompagné Bpifrance sur les volets de la dématérialisation de la liasse fiscale et du scoring, en travaillant effectivement d’abord en POC, puis de manière hyperagile en impliquant une équipe très sénior sur un projet effectivement à fort besoin d’expertise et de maintien d’une qualité constante dans les résultats, aussi bien en temps de réponse qu’en identification de réelles éventuelles fraudes sans faux positifs.
La problématique de la fraude est-elle réellement importante sur ce type de projet de financement d’entreprises ? Au delà, comment peut-on encore améliorer le processus d’évaluation ?
Jacques Andréani : La fraude existe, même si elle reste plus limitée sur une clientèle professionnelle, et tend à baisser grâce à l’innovation technologique, notamment le face matching. Ce combo, associé aux apports d’Innovatic, permet vraiment de muscler le parcours pour réduire les tentations malveillantes. Sur la question du scoring, au delà d’identifier de fait des falsifications, la fraude documentaire, il s’agit aussi de mieux comprendre comment évoluent les entreprises sur le cours terme : la temporalité de la liasse fiscale masque parfois des redressements que seuls l’analyse de relevés de comptes plus récents fera apparaître. Chez Bpifrance, en tant que banque publique, c’est très important pour nous.
Cécile Poulet : J’ajouterai que l’un de nos objectifs a été d’améliorer, au delà des parcours des demandeurs de prêts, les parcours des vérificateurs. Des technologies comme l’IA apportent beaucoup (ndlr: lire également cette interview de Cécile Poulet). Nos API sont des outils pour les chargés d’affaires et doivent s’adapter au mieux à leurs processus, leur faire gagner réellement du temps sans effet déceptif, créer une appétence.
Comment peut-on aller encore plus loin demain ?
Jacques Andréani : Si on fait le bilan de l’année 2023, on constate des résultats déjà fabuleux et des temps de réponse qui satisfont pleinement notre cible. Comme évoqué, nous surveillons également que la fraude continue de baisser et que nous sommes de plus en plus capables de catégoriser les entreprises suivant leur évolution court terme. Nous devons aussi être vigilant à ne pas nous substituer aux financiers classiques mais à intervenir dans un continuum de financement, ce qui implique aussi d’identifier convenablement quels sont les prêts déjà en cours pour un demandeur.
Inovatic est partenaire de l’événement IN BANQUE qui se tiendra à Paris le 20 juin 2024. Bpifrance interviendra également lors de l’événement sur le sujet de l’IA générative.