
Directrice Générale Déléguée, Responsable du Développement Bancassurance et Digital
Société Générale Assurances
Société Générale Assurances a déployé une stratégie digitale qui ne cesse d’être enrichie, notamment en réponse aux événements climatiques récents. Gestion de sinistres online, messages de prévention et accompagnement tout au long du parcours… Ingrid Bocris, Directrice Générale Déléguée en charge du pôle Développement Bancassurance et Digital de Société Générale Assurances, fait le point avant son intervention lors de l’événement Innovation Assurance organisé par Next Content le 8 février.
INNOVATION ASSURANCE : Pouvez-vous nous présenter Société Générale Assurances, le métier assurances de la maison au carré rouge et noir ?
Ingrid Bocris : Nous avons deux grands domaines d’activité, pour les particuliers et les professionnels : l’assurance vie épargne – nous sommes le cinquième acteur français sur ce marché – et la protection avec les activités d’assurance prévoyance et d’assurance dommages. Nos deux axes stratégiques et de croissance sont la bancassurance intégrée, c’est-à-dire la distribution de l’ensemble de nos offres avec les différents réseaux du groupe Société Générale, et les partenariats, notamment externes. Nous les développons à la fois sur les métiers de l’assurance vie épargne et de la retraite au travers de notre filiale dédiée Oradéa Vie ; mais aussi dans le monde de la protection avec des partenaires automobile, habitation, emprunteur…
Cette stratégie se révèle payante. A fin septembre, nos encours en assurance vie épargne atteignaient les 132 milliards d’euros, en progression de 2 % sur un an – avec une part en unité de compte de 37 %, ce qui est significativement supérieur à la moyenne du marché. Notre ambition est d’atteindre les 160 milliards d’euros d’encours en assurance vie à horizon 2026.
Comment appréhendez-vous les grands enjeux à venir sur le marché de l’assurance ?
J’en recense trois : la transparence, la responsabilité (économique, sociétale et environnementale), et la proximité.
Le besoin de transparence émane à la fois des consommateurs, mais aussi des régulateurs avec notamment les sujets de lisibilité des garanties et de « value for money ». En ce qui concerne l’assurance vie épargne, l’ACPR a récemment demandé aux assureurs de passer en revue les supports en unité de compte pour déréférencer les produits dont le rapport « qualité-prix » n’est pas satisfaisant. Nous étions précurseurs dans cette démarche avec un passage en revue régulier déjà réalisé sur les unités de compte proposées à l’ensemble de nos clients. En assurance dommages, nous avons également mis en place des parcours digitaux de bout en bout plus fluides et transparents pour les clients.
Sur le front de la responsabilité, aussi bien vis-à vis des épargnants, des collaborateurs et des pouvoirs publics, nous sommes convaincus que le choix des clients se fera de plus en plus en fonction de la confiance accordée aux partenaires financiers, notamment les assureurs. Nous sommes complètement investis dans le financement de l’économie réelle, avec des engagements très forts en matière d’investissement responsable.
Enfin, la proximité et l’accessibilité sont aussi des facteurs de confiance. Je considère que notre enjeu aujourd’hui, en tant qu’assureur, est d’être présent auprès de nos clients dans les moments qui comptent vraiment : préparation de la retraite, gestion d’un sinistre…
Comment votre volonté d’être un investisseur responsable se matérialise-t-elle auprès des clients ?
Nos initiatives sont nombreuses, en particulier via notre support en euros engagé dans une stratégie de décarbonation. Nous avons aussi la capacité de proposer à nos épargnants des supports d’investissement qui leur permettent d’investir dans l’économie réelle.
C’est ce que nous avons fait par exemple en lançant cette année Tikehau Dette Privée, le premier fonds dette privée responsable sur le marché français – et qui rencontre déjà du succès. Il donne accès aux clients à des investissements dans des PME et des ETI, en France majoritairement et un peu en Europe. Chaque entreprise financée est engagée dans une stratégie de décarbonation.
Comment l’innovation et la technologie soutiennent-elles ces initiatives ?
Elles nous permettent de matérialiser cette relation de confiance et de proximité avec le client, j’en parlerai davantage lors de mon intervention à Innovation Assurance le 8 février 2024.
Pour la préparation de la retraite par exemple, nous avons créé la plateforme « Mon Compagnon Retraite », sur laquelle nous avons agrégé 85.000 clients en un peu plus d’un an, et qui permet de construire son parcours retraite personnalisé en embarquant de l’IA pour analyser le relevé d’informations personnelles que le client reçoit. Cela permet de détecter les erreurs potentielles présentes dans ce relevé. Nous lui permettons donc, en l’accompagnant, de les détecter et de les corriger.
Grâce à des simulations très simples, nous apportons des réponses à des questions potentiellement anxiogènes : quelle pension vais-je toucher en fonction de l’âge de départ choisi ? Est-ce que je vais être pénalisé si je pars avant l’âge légal ? Est-ce qu’au contraire, je peux en profiter ? Si oui, dans quelle mesure ? En fonction des résultats, nous aidons à définir un projet sur le front du patrimoine, de l’épargne, des services… Les scores d’engagements sont très bons : plus de 50 % des clients « onboardés » sur cette plateforme reviennent deux fois, ou plus.
Comment les bouleversements climatiques sont-ils gérés dans ce contexte ?
Nous avons déjà investi et développé la digitalisation des parcours sinistres en « self-care » – désormais, 18 % de nos sinistres sont gérés à 100 % sur le digital. Et 30 % des sinistres font l’objet d’un paiement instantané.
Cela se matérialise fortement en période d’événements climatiques. Durant les deux tempêtes Ciaran et Domingos, nous avons envoyé près de 250.000 SMS de prévention à nos clients, qui ont permis d’éviter certains sinistres. Toutes ces nouvelles technologies nous ont aussi permis d’ouvrir 50% des sinistres quasiment instantanément – autant de temps gagné sur le déclenchement de l’expertise.
Enfin, avoir une assurance accessible, c’est aussi s’engager sur l’assurabilité de l’ensemble du territoire, quel que soit le profil du client et la zone géographique habitée. L’innovation et l’IA nous permettent de cartographier et d’évaluer de plus en plus précisément ces zones à risques et les évolutions climatiques, pour pouvoir faire de la prévention tout du long. Nous ne faisons pas de discrimination, même dans des zones climatiquement compliquées.
Ingrid Bocris interviendra lors du débat inaugural « Accélération numérique : enjeux et stratégies » de l’événement Innovation Assurance le 8 février 2024 à Paris.