Marie Petit construit les usages de la banque en ligne de Bpifrance, pour ses clients comme pour ses collaborateurs. Pour IN BANQUE, elle fait le point sur les chantiers du groupe.
IN BANQUE : Pouvez-vous présenter Bpifrance en quelques lignes ?
Marie Petit : Nous sommes la banque publique d’investissement française qui a pour objectif le financement et le développement des entreprises, quelle que soit leur taille. Nous intervenons en appui des politiques publiques de l’État et des régions et à chaque étape de leur développement, que ce soit en crédit, en aides et en subventions, en garantie ou en fonds propres. En 2023, entre le financement, les aides à l’innovation et à l’export, les garanties, Bpifrance a injecté 63 milliards d’euros dans l’économie française et accompagné 79 000 créateurs d’entreprise.
Nous menons également des missions de conseil et d’accompagnement pour des PME notamment. Nous sommes présents dans les territoires avec une cinquantaine d’implantations.
Espace client, digitalisation des parcours, service numériques utiles : où en êtes-vous du déploiement des services en ligne ?
L’histoire de notre transformation digitale démarre en 2017 avec la création de notre banque « Bpifrance en ligne » pour accompagner le développement des entreprises en leur donnant accès aux offres de financement, aux aides et aux prêts sur Internet. Elles peuvent ainsi déposer une demande de prêt qui sera traitée par un chargé d’affaires dans le réseau, mais aussi gérer leurs opérations courantes en toute autonomie. Nous voulons proposer plus de services pour piloter la croissance et transformer l’entreprise, avec des services liés à la gestion de trésorerie, la transition verte et la cybersécurité avec une promesse d’expérience omnicanale. Notre promesse sur le digital est de combiner le meilleur d’une fintech avec un réseau physique.
Nous disposons aussi d’une interface dédiée à nos 1600 chargés d’affaires. Les banques et régions partenaires, ainsi que nos réseaux d’accompagnement à l’entrepreneuriat, peuvent y trouver des informations sur nos financements. En 2020, avec le Covid, nous avons également lancé la plateforme Flash, pour un traitement 100 % digitalisé et automatisé de l’octroi de crédits aux TPE pour des petits montants.
Que reste-t-il sur votre feuille de route ?
Notre enjeu pour 2024 est de toujours mieux servir l’ensemble des métiers de Bpifrance car certains services d’accompagnement, comme les accélérateurs, ne sont pas directement accessibles dans Bpifrance en ligne. Nous voulons donc lui donner cette dimension de guichet unique.
Nous souhaitons également développer le volet open banking en 2024. Avec la DSP2, nous pourrons faciliter la prise de décision des banquiers, voire proposer des offres plus adaptées et imaginer de nouvelles offres de trésorerie. Autre projet : l’intégration de l’IA et de l’IA générative.
A ce sujet, sur quoi misez-vous plus particulièrement ?
Nous avons la volonté de saisir l’opportunité de l’IA avec une approche par cas d’usage. Cela veut dire que nous commençons par définir un cadre éthique et sécuritaire pour voir ce que l’on s’autorise à faire – ou pas, dans quelles conditions, avec quels outils…
Ainsi, nous n’utiliserons pas ChatGPT mais Copilot de Microsoft. Et nous travaillons sur l’embarquement et l’acculturation des collaborateurs.
Les premiers cas d’usage sont liés au financement court terme, pour faciliter la relecture des pièces justificatives et mettre en place une ligne de crédit. Nous allons aussi réaliser des POC sur la pré-complétion de demandes sur la banque en ligne. Cela permettra d’accélérer l’instruction du dossier par les chargés d’affaires. Et puis, nous développons la transformation de comptes-rendus de rendez-vous clients en données structurées pour enrichir la connaissance client.
Quelle est la stratégie liée aux formules d’abonnement payantes ?
Aujourd’hui, il est possible d’accéder à la banque en ligne gratuitement pour déposer des demandes de dossier ou faire de la signature électronique. Mais dès que l’on souhaite accéder à ses encours, ses financements ou ses documents, il faut prendre un abonnement. Ces formules, avec 3 mois d’essai puis sans engagement, ont été lancées en mars 2023 en partant du constat que les accès au portail bancaire en règle générale sont payants.
Ainsi, nous proposons deux formules d’abonnement : dix ou trente euros par mois. Il y a un socle commun : l’accès aux encours, aux documents associés aux prêts, l’historique des documents sur les six dernières années (les contrats, les avenants, les tableaux d’amortissement, les avis d’échéance). Il y a également du coaching financier, avec un outil qui permet d’établir un benchmark avec sa concurrence et d’obtenir un certain nombre de recommandations. Il y a également un autre outil lié à la DSP2 pour piloter sa trésorerie de façon consolidée. Nous proposons aussi des remises auprès d’une sélection de partenaires. C’est notamment le cas avec Legalstart, pour un accompagnement juridique.
La formule à trente euros permet aux entreprises d’ajouter plusieurs utilisateurs et inclut certains actes de gestion. Notre objectif est de petit à petit muscler la proposition de valeur sur ces deux offres.
Bpifrance sera l’une des marques intervenantes du prochain événement IN BANQUE, le 20 juin à Paris.