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Entretiens

George Grumbar (Revolut) : « Notre offre de crédit immobilier sera une petite révolution dans le secteur »


George Grumbar, General Manager, Revolut France

Conquête de nouveaux marchés, utilisation de l’IA, évolution du client-type… George Grumbar, General Manager de la succursale française de la fintech Britannique (qui opère en tant que banque en France grâce à une licence bancaire européenne) fait le point sur l’actualité qui anime l’entreprise et le secteur.

IN BANQUE : Revolut a presque dix ans. Que représente l’entreprise aujourd’hui ?
Georges Grumbar : Nous sommes une banque en ligne internationale avec plus de quarante millions de clients dans le monde. Nous proposons des services financiers comme les produits bancaires du quotidien, mais aussi le change de devises, les paiements à l’étranger, des assurances et des crédits à la consommation. Nous sommes l’une des premières banques en ligne de France – avec plus de trois millions de clients – et d’Europe.

Nous aidons nos clients à gérer leur argent, mais aussi à économiser. Notre offre « Magasins » fonctionne avec du cashback par exemple, nous proposons des e-sim pour ne pas avoir à payer de hors-forfait sur son abonnement mobile, mais aussi la possibilité de faire des dons à des associations telles que l’UNICEF, la Croix-Rouge, Médecins Sans Frontière… Les clients qui souscrivent à nos différents abonnements – Plus, Premium, Metal et Ultra – bénéficient de toute une panoplie d’avantages chez nos partenaires comme le Financial Times, NordVPN, SleepCycle, ou Tinder. Sachant que la formule standard, entièrement gratuite et largement plébiscitée par nos clients, propose déjà de nombreux avantages. Notre croissance est fulgurante : Revolut en France représente environ 300 collaborateurs sur les 10.000 employés dans le monde – et les recrutements se poursuivent. Après le Royaume-Uni, le pays d’origine de Revolut, l’hexagone est le pays qui croit le plus vite en termes de téléchargement de l’application. Nous enregistrons plus d’un million de nouveaux clients par mois dans le monde, dont largement plus de 100.000 en France. Notre ambition est de devenir la première banque dans tous les marchés où nous opérons. Pour la France, cela signifie 20 millions de clients d’ici 2030.

Quels sont les grands objectifs stratégiques à horizon 2024/2025 ?
Notre objectif est de ne plus être qu’une carte dont on se sert pendant un voyage – mais de devenir la banque principale de nos clients : celle via laquelle on reçoit son salaire, on paye ses factures… Ce sont ces postes-là qui nous indiquent l’engagement en tant que client.

Pour y arriver, il faut continuer à innover et lancer les produits qui comptent pour nos clients. Certes, nous sommes présents dans plus de quarante pays dans le monde, mais nous tenons malgré tout à nous ancrer de manière locale dans chaque pays. Cela signifie qu’il nous faut une plateforme et la panoplie de produits idoine.Nous avons prévu de nous lancer en 2024/2025 en Europe, et donc en France, dans le crédit immobilier – le véritable produit d’appel pour faire d’un établissement sa banque principale. Nous avons déjà des produits d’épargne, mais nous comptons également étoffer notre offre.

Nos développements à l’international vont également se poursuivre. Chaque marché est étudié consciencieusement – nous ne lançons pas quelque part juste pour occuper le terrain. Nous prévoyons prochainement d’ouvrir en Inde et au Mexique par exemple.

Quelle est la place de l’IA dans ces développements ?
L’intelligence artificielle est le nouveau buzzword à la mode. Bien sûr, nous intégrons cette technologie à nos produits car nous sommes à la pointe de l’innovation. C’est dans notre produit d’investissement baptisé « Robo-Advisor » qu’elle est le plus visible par nos clients. Après avoir rempli un questionnaire sur la façon d’investir et les intérêts, notre robot va choisir le portefeuille adéquat.

En arrière-boutique, l’IA est très importante dans la lutte contre la fraude. En scannant les habitudes du client, nous apprenons et créons un profil et lorsqu’on sort de ces schémas – le système se met en alerte. Notre support client bénéficie également grandement de cette technologie. Le chatbot, même s’il est parfois mal toléré par certains clients, permet de gagner un temps non-négligeable sur des problématiques simples. Si vous n’y trouvez pas la réponse à votre question, vous pouvez quand même échanger avec un humain. Nous battons des records avec moins de trois minutes pour répondre aux questions ! L’IA supplémentée par de l’humain est très clairement la meilleure solution. Globalement, notre objectif est également de gagner la confiance de nos clients, pas seulement en Revolut, mais de manière générale dans les banques en ligne. Certaines personnes ont du mal à passer le cap, mais notre secteur propose une expérience utilisateur extrêmement simple et rapide – par exemple la carte de paiement virtuelle et éphémère. Il faut donc que nous puissions rassurer nos clients et qu’ils se disent qu’être dans une banque en ligne, c’est aussi sûr – si ce n’est plus – que d’être dans une banque traditionnelle.

Quel est le portrait-robot du client aujourd’hui, et comment évolue-t-il ?
Nous avons une base historique de clients qui a découvert Revolut pour le voyage mais qui s’empare petit à petit des produits du quotidien bancaire. Notre client type est assez jeune, entre 25 et 36 ans, plutôt urbain. Mais avec plus de 3 millions de clients, en réalité nos clients sont éparpillés dans toute la France.

Et depuis le début de l’année, la fourchette de l’âge s’élargit davantage. C’est grâce à notre marketing qui s’est diversifié en montrant que nous sommes une vraie banque en ligne – pas seulement une application. Nos produits font aussi que nous conquérons différents types de clients. Par exemple, le compte flexible qui propose des taux d’épargne très intéressants attire une clientèle avec un peu plus de moyens, qui est depuis un peu plus longtemps sur le marché du travail. Le crédit immobilier, en vue pour les 12 à 24 prochains mois, permettra aussi d’attirer encore une autre clientèle. Fidèles à nos habitudes, nous allons proposer une offre compétitive et faciliter le processus d’obtention de crédit. Ce sera une petite révolution dans le secteur – et la dernière percée dans le monde de l’ancienne garde. Par ailleurs, nous avons deux autres applications – hormis Revolut. Une spécialement conçue pour les 6/18 ans, baptisée Revolut<18, « Revolut Under 18 ». Ce produit, adossé au compte d’un adulte (souvent un parent, mais ce n’est pas obligatoire), permet aux parents de verser de l’argent de poche et d’y intégrer des petits challenges pour faire de l’éducation financière. Ces cartes sont sécurisées : on ne peut pas les utiliser dans les tabacs, ou pour acheter de l’alcool. Une fois majeurs, nous aidons ces clients à basculer sur l’application pour adultes car ils ont bien saisi l’utilité et la facilité de notre service. Notre troisième application est Revolut Business – notre proposition pour les PME. Nous avons des dizaines de milliers de clients business en France et bien davantage dans le monde. Cette solution permet de faire du change de devise, d’avoir des cartes pour les collaborateurs, de gérer les frais professionnels…

Comment envisagez-vous la suite sur le front de l’open banking ?
Nous collaborons déjà à la fois avec d’autres fintechs, mais aussi avec des établissements plus anciens. En tant que client Revolut, si vous voulez faire le lien entre votre application et votre compte BNP Paribas par exemple, vous pouvez le faire grâce à l’open banking, ce qui à la fois facilite des rechargements de comptes, des virements instantanés, mais aussi la gestion d’un budget dans son ensemble.

Pour les crédits à la consommation, l’open banking est également essentiel car cela permet d’analyser très rapidement les différentes données de différentes banques et de donner, le cas échéant, un accord de principe quasi instantané. Nous avons mis en place beaucoup de partenariats et de collaborations avec des entreprises qui ont la même mentalité que nous : aller vite et faciliter la vie du client, tout en garantissant sa sécurité.

George Grumbar interviendra lors du débat « « Les modèles digital centric dans les services financiers : les orientations stratégiques, les leviers de croissance et de rentabilité » lors de l’événement IN BANQUE le 20 juin 2024 à Paris.

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