Directrice générale de la fintech leader de la gestion financière des TPE-PME, devenue licorne en 2022, Philippine Rougevin-Baville fait un point d’étape sur les actualités et projets de la société.
IN BANQUE : Qonto existe depuis 2016 : qu’est-ce qui a donné envie aux fondateurs de se lancer ?
Philippine Rougevin-Baville : Qonto a été créé à partir du postulat que les entrepreneurs ne se retrouvent pas forcément dans les banques traditionnelles, en termes d’accompagnement, de disponibilité, de facilité d’utilisation ou de transparence des prix. C’était le cas de nos co-fondateurs qui, dans leurs précédentes expériences professionnelles, ne trouvaient pas de solutions satisfaisantes.
Ils se sont donc lancés pour créer un compte professionnel et une solution financière adaptés avec IBAN, cartes, gestion quotidienne et solutions financières de pré-comptabilité, facturation et gestion des dépenses en équipe. Aujourd’hui, Qonto est le compte professionnel de référence en France (notre marché historique), en Espagne, en Allemagne et en Italie avec 500.000 clients et 1.600 collaborateurs.
Quel est l’impact du contexte économique sur votre stratégie et le développement de nouveaux services ?
La France continue, pour la troisième année consécutive, à passer la barre du million d’entreprises créées : il y a donc toujours une grande dynamique de l’entrepreneuriat – ce qui nous impacte significativement car nous sommes un partenaire clé. Cela conforte notre activité et notre positionnement auprès de ces créateurs d’entreprises, dont 200.000 en Europe ont d’ailleurs démarré leur entreprise avec nous.
En parallèle, les TPE-PME doivent aussi pouvoir maîtriser leurs finances. Nos prix transparents sont hyper attractifs pour les entreprises à la recherche de simplicité. D’autant plus que la fluidité d’usage de nos outils innovants leur permet de gagner du temps. Nos produits sont également extrêmement fiables grâce à l’internalisation de notre « core banking system » – et nous sommes l’un des seuls acteurs digitaux à le faire.
Notre service client est disponible 24h/24 et 7j/7 en France et capable de répondre à 95 % des questions en moins de trois minutes. Nous continuons à investir sur ce sujet pour amener encore plus de réactivité.
Enfin, le paiement fractionné, l’une de nos dernières fonctionnalités sorties en mars, permet de faciliter la trésorerie et d’avoir accès de façon immédiate et instantanée, sous condition d’éligibilité, à un montant allant jusqu’à 10.000 euros que nous avançons, et qui sont ensuite remboursés en trois fois sur trois mois.
Comment développez-vous la valeur client ?
Nous avons deux objectifs : le premier, atteindre le million de clients TPE-PME en Europe en 2025 – dans un contexte où il en existe quinze millions. Cela représente donc le double des clients que nous avons aujourd’hui en portefeuille, mais nous sommes confiants.
Le second : atteindre un seuil de rentabilité. Pour y arriver, nous allons poursuivre notre stratégie entièrement tournée vers nos clients, anticiper leurs besoins pour développer les bons services. C’est ainsi que nous concevons notre « roadmap ».
Dans ce cadre, nous avons annoncé en mars l’acquisition de la fintech française Regate. Ce rachat a trois objectifs : offrir pour la première fois une offre spécifiquement conçue pour les cabinets d’expertise-comptable, faciliter encore davantage les échanges entre les PME et les cabinets d’expertise-comptable, et avancer plus significativement sur notre solution de services financiers.
Comment définissez-vous votre offre en termes de prix ?
Plus notre produit et notre base client s’enrichissent, plus cela devient difficile. Aujourd’hui, les besoins d’un créateur d’entreprise sont très différents des besoins, par exemple, d’une entreprise de vingt ou quarante employés. Finalement, il n’y a rien de plus compliqué que de simplifier – mais ce que nous voulons garder à tout prix. Nous voulons conserver des prix transparents et justes, quels que soient les besoins.
Au début, nous n’avions qu’un seul prix – maintenant, nous avons six forfaits conçus pour s’adapter aux différentes tailles d’entreprises et répondre à leurs besoins.
Où en êtes-vous sur les développements B2C et à l’international ?
Ce qui fait notre force, depuis le début, c’est de nous concentrer sur la cible professionnelle pour pouvoir répondre au mieux à leurs besoins. Développer une solution financière pour un pro, ou pour un particulier, ce n’est pas du tout le même métier. Nous pensons que nous adresser aux particuliers serait plutôt une distraction. D’autant plus qu’il existe déjà de très bonnes solutions à leur intention.
A nouveau, nous allons rester concentrés et éviter la dispersion. Nous avons de grandes ambitions sur les quatre marchés où nous sommes déjà présents. Nous allons donc continuer à y investir pour aller au bout de nos projets.
Philippine Rougevin-Baville interviendra lors de l’événement IN BANQUE 2024 le 20 juin à Paris dans le cadre du débat inaugural « Stratégies digitales & Innovations numériques ».