CDLK, qui figure dans le palmarès Top100 de la French Fintech en 2022, a développé une plateforme-solution visant à rendre exploitable les données de paiement. Son CEO et co-fondateur, Benoit Gruet, nous précise les cas d’usages et les opportunités que cela offre aux banques pour enrichir leurs services, améliorer l’expérience et l’engagement clients, particuliers comme professionnels, et nous livre ses perspectives de développement.
IN Banque : Quel est votre positionnement au sein de l’écosystème Fintech ?
Benoit Gruet : À l’origine, la solution CDLK a été créée sur un constat simple : la carte bancaire est plus que jamais le moyen privilégié des consommateurs pour leurs dépenses au quotidien. Pour fixer les enjeux sur le marché français, c’est environ 78 millions de cartes qui génèrent annuellement plus de 14 milliards de paiements, soit le double du nombre de transactions observées en 2010 (voir l’infographie « L’enjeu de la fidélisation via la carte bancaire). Or, la richesse des données transactionnelles reste pas ou peu exploitée par les émetteurs de carte. C’est pourquoi, CDLK a développé une plateforme-solution Big-Data A&I permettant de rendre exploitable la data de paiement.
Pourquoi cette donnée n’est-elle pas davantage exploitée par les banques ?
Historiquement, il existe plusieurs freins à cette situation. Les freins culturels et politiques ont été en partie levés sous la pression des GAFAM et des Néo-banques, dont l’exploitation de la data est nativement adoptée. Concernant les freins techniques, bien souvent la donnée de paiement reste difficilement exploitable en l’état. L’hétérogénéité de la qualité des libellés de dépenses que l’on observe sur nos relevés de compte illustre bien cet obstacle.
Quel est le cas d’usage emblématique rendu possible grâce à ce travail d’enrichissement de la data bancaire ?
L’exemple le plus opérationnel concerne le domaine de l’engagement clients. Nous avons été les premiers en France à proposer aux banques un programme de cashback de type CLO (Card-Linked Offers) notamment en remplacement des coûteux programmes de fidélité à points. Le principe est de générer des réductions tarifaires automatisées pour les clients de la banque auprès des commerçants partenaires du programme, en magasin ou en ligne ; le seul effort demandé aux clients est d’utiliser sa carte bancaire. Cela répond à la fois à la digitalisation du parcours du consommateur pour bénéficier d’un remboursement et à la nécessité pour la banque d’activer des nouveaux leviers d’engagement avec un ROI maitrisé.
En quoi le cashback de type CLO est-il transformationnel pour les banques ?
Dans ce modèle de marketing à la performance, la banque devient un diffuseur d’offres « bons plans » permettant de créer du trafic chez les commerçants. C’est une manière pour les banques de financer leur programme de fidélité en captant un pourcentage des budgets marketing d’acquisition investis par les annonceurs. Ce système consistant à pousser des offres ciblées autofinancées était réservé jusqu’ici aux émetteurs de carte en ‘’closed-loop’’ comme Amex. Grâce au CLO, c’est désormais également possible pour les émetteurs de carte de paiement de type ‘’Open-loop’’.
Quels bénéfices proposez-vous pour améliorer le parcours client au sein de la banque au quotidien ?
Notre application MCS (Merchant Clarification Solution) permet d’apporter plus de clarté au niveau de la consultation des comptes. Cela se traduit notamment par un travail sur les libellés de dépenses, souvent confus : l’objectif est d’afficher le nom signifiant du commerçant, le type du paiement réalisé, la géolocalisation du point de vente, son logo, … En adoptant ce type de solution, la banque réduit le nombre d’appels entrants irritants pour les clients et les conseillers ; ce qui réduit mécaniquement les coûts d’opex, tout en améliorant le score NPS.
Quelles sont également vos innovations visant les besoins spécifiques des banques pour leurs clients B2B ?
Les banques peuvent, grâce à notre application BUSINESS INSIGHT, produire des rapports d’analyse marketing destinés à informer les commerçants de l’évolution de leur marché sur leur périmètre. Ainsi, un commerçant accède à un ensemble de KPI’s comparant la performance de son ou de ses points de vente versus son environnement concurrentiel. Cette solution produit à la demande des indicateurs de performance concernant le chiffre d’affaires, la part de marché, le panier moyen, le nombre de transactions et d’acheteurs uniques, avec leur profil.
Certaines banques proposent déjà ce type de reporting à leurs commerçants. En quoi cela diffère-t-il ?
Effectivement, certaines banques commencent tout juste à proposer un reporting exploitant les données monétiques transitant via leur TPE. Notre solution propose de créer un panel de consommateurs stable et robuste basé sur les dépenses quotidiennes des porteurs de carte en boutique ou sur internet. On exploite la data émetteur anonymisée pour enrichir la proposition de valeur de l’offre acquéreur. Plus la taille du portfolio de porteurs de carte est importante, plus la banque est en situation de créer un panel puissant pour analyser les comportements de consommation avec un niveau de granularité élevé, puisque nous proposons jusqu’à 80 sous-secteurs de consommation. Pour un chargé d’affaire Grand Compte au sein de la banque, avoir la capacité de produire, sans effort, des KPI’s personnalisés pour ses clients ’’grand commerçant’’ constitue un levier commercial unique et sans précèdent. J’aurai l’occasion de préciser comment ces services sont source de création de valeur lors de mon intervention le 23 juin dans le cadre d’IN BANQUE 2022.
Quelle est la trajectoire de CDLK sur les mois à venir ?
Avec 1 milliard de transactions analysées par an, 17 000 points de vente référencés, et plus de 4,3 millions de porteurs de cartes enrôlés, notre objectif est de consolider notre leadership en France auprès des grands émetteurs de carte de paiement, tout en accélérant notre roadmap de développement à l’international. Nous continuons à investir dans la modularité de notre plateforme pour pouvoir répondre à la fois aux attentes des grands émetteurs et aux spécificités de certains pays.
Benoit Gruet interviendra le 23 juin lors d’IN BANQUE 2022 sur le thème « Innovation & Diversification dans les services financiers ».