Tink, fintech suédoise désormais propriété de Visa, est un acteur de l’enrichissement de données bancaires pour faciliter notamment les demandes de crédit mais aussi la gestion des finances personnelles. Explications avec Camille de Mari, qui dirige l’acteur en France.
IN BANQUE : Comment évoluent, dans le contexte de tension économique actuelle, les outils de gestion des finances personnelles ?
Camille de Mari : On est entré de plain pied, et ce de manière véritablement accrue depuis la crise sanitaire, dans une économie des abonnements. Qu’il s’agisse de services comme Amazon Prime, Netflix, des box e-commerce, des abonnements in-app dans les stores, il y a une accélération dynamique de la consommation d’achats, via Internet et en paiement par carte bancaire. Le corollaire est que ces achats, par leur accumulation, induisent finalement une mauvaise connaissance globale par les consommateurs de leurs dépenses.
Et si les banques ont à peu près toutes lancées des outils de gestion des finances personnelles génériques, l’enjeu aujourd’hui n’est plus de permettre au consommateur de catégoriser ses transactions, ce qu’il ne veut plus faire, mais de lui donner d’une part un constat clair de ses transactions récurrentes en les détectant automatiquement et en lui permettant de les visualiser, mais aussi de lui offrir un moyen d’action pour, par exemple, bloquer les futures dépenses auprès de sa banque avant de régulariser sa situation auprès des services souscrits. On est dans un marché dicté par plus d’instantanéité.
Concrètement, comment pousser la bonne information au consommateur pour l’engager vis à vis de ces outils ?
Il y a d’une part la notion d’aider les consommateurs à bien identifier une transaction. On a tous connu ces moments où, en consultant ses comptes, une transaction auprès d’un marchand en apparence inconnu nous apparaissait obscure. Le simple fait de faciliter l’identification, y compris en affichant des logos, qui ont leur importance, c’est une meilleure information et plus de rapidité. Ensuite, il y a la capacité à effectuer des recommandations personnalisées.
Pour les banques qui sont vos clients, quelle rentabilité de ces dispositifs ?
Les disputes coûtent cher aux banques. Multiplié par le nombre croissant des flux de ce genre, le montant devient significatif. En aidant le consommateur à reprendre le contrôle, les outils de la plate-forme Tink permettent aux banques des économies de ce point de vue, mais aussi de faciliter l’analyse de solvabilité (ndlr: consulter également le livre blanc « Lending, levelled up » édité par Tink) en cas de demande de crédit. C’est un sujet que nous aborderons lors de la conférence IN BANQUE 2024 le 20 juin à Paris.
Quelles sont les technologies que vous mettez en œuvre ?
Il y a différents niveaux, qui se surajoutent : des règles statiques, du machine learning, de l’IA générative… Aujourd’hui, les technologies sont là et fonctionnent de manière fiable. Le graal est le crédit instantané, et la décision est dans les mains des banques de ce point de vue car c’est une décision de risque, non de limitation technique. La question cruciale c’est comment accompagner la transformation digitale dans un contexte d’alignement avec un monde instantané qui a des conséquences sur le risque. C’est pourquoi je crois en un aspect modulaire des services de valeur pour favoriser l’éducation financière. Parmi ces services figurent par exemple le calcul du reste à vivre, l’accompagnement dans la création d’une enveloppe d’épargne… Bref, développer le bien-être financier à tous les niveaux.
Tink interviendra sur le thème « Digitaliser et automatiser la distribution de crédit » lors de la conférence IN BANQUE qui se tiendra à Paris le 20 juin 2024. Voir également l’interview vidéo de Camille de Mari lors d’IN BANQUE 2023.